En ce qui concerne les dysphasies, la complexité des phénomènes explique que l’on ne peut pas concevoir le traitement des dysphasiques comme un ensemble d’actions ponctuelles portant sur tel ou tel domaine des apprentissages. Pour cette raison, il est nécessaire de constituer une équipe pluridisciplinaire associant professionnels médicaux et éducatifs. Sur ce point, nous obtenons un consensus large des associations et de leurs partenaires.
Face à un enfant ayant des troubles des apprentissages, l’approche neuropsychologique se fera en complément des autres approches, médicales et psychologiques : une vraie proposition d’aide à l’enfant. Il est primordial de réaliser un bilan neuropsychologique (WISC V et/ou bilan attentionnel) afin de poser un diagnostic exhaustif.

Qu’est-ce que la neuropsychologie ?

La neuropsychologie est une branche de la psychologie clinique qui s’intéresse aux relations entre le cerveau et le fonctionnement des fonctions cognitives, comportementales et émotionnelles au moyen d’observations menées auprès de sujets normaux ou de patients présentant des lésions cérébrales d’origines diverses.

« La neuropsychologie est une science humaine qui cherche à comprendre la disparition ou le fonctionnement pathologique d’une ou plusieurs grandes fonctions mentales : le langage oral, le langage écrit, la mémoire, le raisonnement, la programmation et l’exécution gestuelle, l’organisation de l’espace et du temps, l’attention… à la suite d’une atteinte du système nerveux central. Elle a pour objectif la recherche sur le fonctionnement du cerveau, la restauration des fonctions et/ou la réadaptation du sujet atteint. » – Par Marie-Hélène Marchand, neuropsychologue.

Et chez les enfants…

Beaucoup plus compliquée que chez l’adulte puisque le cerveau est en cours de développement, la neuropsychologie infantile n’a qu’une vingtaine d’années d’existence. Longtemps on a pensé qu’une lésion neurologique chez l’enfant bénéficiait des effets d’une « plasticité cérébrale » qui permettait une bonne récupération spontanée. Les suivis à long terme ont montré que, dans de nombreux cas, le développement des fonctions cognitives était pathologique, parfois de manière dramatique.
Les enfants dysphasiques ne montrent pas, dans l’état actuel des connaissances, de lésions cérébrales, mais leur cerveau présenterait des anomalies de fonctionnement à l’origine des symptômes, très semblables à ceux observés dans le cas des lésions cérébrales acquises.
Un premier problème a été de savoir si la neuropsychologie classique avait une validité auprès des enfants ou s’il fallait inventer une nouvelle science. Les deux positions co-existent actuellement chez les praticiens. Pour notre part, nous estimons que les avancées de la neuropsychologie chez l’adulte et les modèles développés sont particulièrement utiles pour rechercher ou anticiper les déficiences chez les enfants.
Il faut cependant adopter quelques précautions d’analyse.
En effet, le développement de l’enfant va s’organiser en intégrant la déficience. Il faudra donc faire la part des choses entre ce qui est du domaine de l’apprentissage (ce qui n’est pas acquis ou ce qui est en cours d’acquisition quand les connaissances des enfants sont instables) et celui de la pathologie.
Par exemple, on ne pourra dire que l’enfant présente un trouble d’évocation lexicale (le mot sur le bout de la langue et qui ne veut pas sortir) qu’à partir du moment où l’on est sûr que ce mot a été appris précédemment et qu’il est stocké dans la mémoire verbale.
Les connaissances du sujet doivent être considérées en fonction de ce qui est attendu chez l’enfant ordinaire du même âge chronologique, en terme d’acquisitions mais aussi en terme d’erreurs commises.
Par exemple, il ne sera pas pathologique pour un enfant de 4 ans de dénommer l’image d’un cerf  « bambi » ou  « biche » qui sont des erreurs fréquentes relevées dans des études de groupes d’enfants ordinaires. Ces réponses seront plus suspectes à 12 ans. L’enfant de 7 ans, qui dénomme ce cerf « élan », ne peut être un enfant en « retard », mais plus probablement un enfant dysphasique qui utilise un « mot pour l’autre » ou « paraphasie sémantique ».
Il en est de même pour tous les domaines de la connaissance. On ne peut pas se contenter d’évaluer les enfants de manière quantitative. Détecter les caractères déviants dans les réponses devrait, à terme, permettre de différencier le retard, d’un trouble plus spécifique, et de faire des pronostics sur le développement cognitif. Mais peu d’outils d’évaluation sont aujourd’hui suffisamment développés pour mesurer les aspects quantitatifs et qualitatifs des apprentissages. La construction de batteries d’évaluation plus sophistiquées sera indispensable au développement de la neuropsychologie pédiatrique des prochaines années (……) permettant d’ajuster au mieux le projet rééducatif, éducatif et scolaire de ces enfants.